Les énergivOres, web série d'éducation à la maitrise de l'énergie

Les incarnés

Reine du supermarché, la viande découvre son coût énergétique.

Manger moins de viande, c’est possible

Sans pour autant manquer de force… Si la viande est source de protéines, de fer et d’oligo-éléments, pas besoin cependant d’en manger à tous les repas. Notre équilibre nutritionnel requiert une grande diversité d’aliments : légumes et fruits frais, légumes secs, féculents, céréales, poisson, œufs, produits laitiers, matières grasses, produits sucrés. Mais manger trop de viande augmente le risque de cancer et de maladies cardiovasculaires. Les nutritionnistes conseillent ainsi 500 g de viande rouge par semaine maximum. L’apport recommandé en protéines pour un adulte est aujourd’hui de 0,8 g par kilo de poids, soit 56 g par jour pour un homme de 70 kg.

Pour aller plus loin : pourquoi et comment manger des légumes secs, et beaucoup d’autres conseils et astuces pour diversifier son alimentation sur le site www.mangerbouger.fr proposé par Santé publique France.

L’union fait la force4725281042_e595c9eba2_m

L’association, riche en protéines, entre des légumes secs et certaines céréales remplace idéalement un plat de viande. Les cuisines traditionnelles des quatre coins du monde se fondent d’ailleurs depuis des millénaires sur cette « complémentation » : en Afrique du Nord, les pois chiches et la semoule de blé dur donnent le couscous; au Mexique on cuisine le maïs avec les haricots rouges; en Chine le riz se consomme avec le soja, en Inde avec les lentilles.

De nombreuses combinaisons sont possibles, à petits prix, en diversifiant vos recettes céréales-légumineuses afin que s’opère la complémentarité nutritionnelle entre ces deux familles ! Combinés aux épices ces variétés de repas développent nos papilles gustatives !

Légumes secs / légumineuse (¼ de la ration)

Céréales (¾ de la ration)

haricots (verts, rouges, blancs, etc.), pois (cassé, chiche, petit pois), lentilles, soja blé (semoule, blé à cuire…), orge, riz, maïs,
avoine, millet, quinoa

Exemples de recettes : www.recettes-vegetariennes.com; https://cuisinevg.fr

Ouvrage de recettes : Aujourd’hui, je cuisine végétarien ! Recettes équilibrées, économiques et faciles, éd. Terre vivante

Le soja, son intérêt, et ses limites…

Cette légumineuse est la seule source végétale complète d’un point de vue nutritionnel pour l’apport de protéines (cf. Sciences et techniques / Les protéines d’origine végétale). Ce qui en a fait un produit phare de l’alimentation végétarienne dans les magasins bio. Le soja destiné à l’alimentation humaine en France (47 000 tonnes – t – en moyenne entre 2015 et2020 selon FranceAgriMer) est principalement d’origine nationale (la France est le 2nd pays producteur européen avec une production totale de plus de 400 000 t, en constante augmentation depuis 2015). Si cette espèce nécessite peu d’intrants (engrais et pesticides), elle figure parmi les cultures les plus gourmandes en eau (40% des surfaces cultivées en France en 2016 étaient irriguées, principalement dans le sud-ouest). D’où l’intérêt de découvrir les légumineuses cultivées près de chez soi, comme les haricots, les lentilles ou encore les pois !

Source : Cetiom

De la prairie à l’assiette

Les élevages à base d’aliments produits à la ferme (herbe, céréales) consomment moins d’énergie, surtout s’ils répondent au cahier des charges de l’agriculture biologique et distribuent leurs produits localement. Renseignez-vous auprès de votre boucher ou chez les éleveurs qui pratiquent la vente directe (vente à la ferme, magasin de producteurs, vente en panier) au sujet de l’origine de leur viande, vous dégusterez ainsi une viande de qualité à tout point de vue !

 

 

Crédits images : flickr – dog tired (d’après illustration de Mc Bess) / flickr – Joana Petrova / FNCIVAM

Vous avez dit « moderne » ?flickr / Birdyphage

Ultra-spécialisation des régions agricoles, concentration des fermes, sélection des races et variétés les plus productives… l’agriculture s’est massivement intensifiée (plus des ¾ des élevages porcins et de volailles sont intensifs). Les élevages dits « hors-sol » n’ont aucune surface dédiée aux cultures et achètent tous leurs aliments. Le maïs cultivé pour nourrir les vaches laitières offre un bon rendement mais doit être impérativement complété en protéines, d’où une importation massive de soja des Amériques, dont la culture contribue à la déforestation… Toute cette « modernité » repose sur une énorme consommation d’énergie. De plus dans ces élevages les animaux voient très peu la lumière du jour et on peut l’occasion d’aller dehors se dégourdir les pattes !

Mon bifteck a fait des kmflickr / L214 images

Paradoxe. En France, on voit des vaches partout, ou presque, mais le pays importe 25 % de ses besoins en viande bovine… Habitudes alimentaires et opportunisme économique expliquent en partie cela : les éleveurs français produisent beaucoup de jeunes bovins, alors que la demande est plus forte sur de la viande de vache. Plus de 800 000 jeunes bovins sont exportés chaque année depuis la France, principalement vers l’Italie, tandis que les Pays-Bas et l’Irlande fournissent le gros de la viande bovins importée.

Source: https://idele.fr

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les protéines d’origine végétaleWikimedia

Notre corps a besoin de protéines. L’organisme humain peut produire 13 des 21 acides aminés qui forment nos protéines, mais les huit restants doivent être absorbés par l’alimentation. Ils sont dits « essentiels ».

Les produits laitiers, la viande, le poisson ou encore le soja recèlent des protéines complètes fournissant ces acides aminés essentiels. En revanche, les acides aminés contenus dans les céréales et les légumineuses sont soit incomplets, soit peu absorbés. La riposte trouvée il y a des millénaires par toutes les grandes civilisations est simple et efficace : associer certaines céréales et légumineuses pour qu’elles se complètent.

Crédits images : flickr – Nicolas Loiseau / flickr – L214 images / Wikimedia

flickr / stafloEmpreinte croissante

L’amélioration du niveau de vie s’accompagne d’un appétit croissant pour les plats carnés. En Chine, la consommation de viande par habitant a été multipliée par 4 depuis 1980, tandis qu’elle doublait au Brésil. La FAO (l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime ainsi que la consommation mondiale de viande continuera d’augmenter pour atteindre 300 millions de tonnes en 2020. Or, il faut 11 calories d’origine végétale pour produire 1 calorie de bœuf : l’augmentation de la demande de viande nécessite donc une extension des surfaces cultivées. 70 % des terres agricoles mondiales étant déjà destinées à l’élevage, les terres arables et les ressources en eau de la planète ne suffiront pas.

Alors, prêts à diversifier votre alimentation et à manger moins de viande ?

A télécharger et lire : FAO. 2021. L’État des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde – Des systèmes au bord de la rupture. Rapport de synthèse 2021. Rome.

Le soja grignote la forêtflickr / bbcworldservice

La culture du soja accélère la déforestation en Amazonie, directement ou par déplacement des activités agricoles qu’elle remplace. Le WWF estime que près de 22 millions d’hectares de forêt et de savane pourraient être détruits en Amérique latine d’ici à 2020, à cause de cette culture. Déforestation et mise en culture des sols forestiers expliquent en partie la part de l’élevage dans les émissions de gaz à effet de serre mondiales, qui s’élève à 18 % du total.

Selon le WWF, entre 2005 et 2017, le soja, destiné majoritairement à l’alimentation animale, a contribué à hauteur de 31% de la déforestation due aux produits importés par l’UE, avec l’huile de palme (24%) et la viande de bœuf (10%).

A lire le rapport Quand les Européens consomment, les forêts se consument, WWF, 2021

 

Crédits images :  flickr – staflo / flickr – bbcworldservice

Séquence de travail avec des élèves de cycle 3

Compétences travaillées
Sciences et technologie Le fonctionnement du corps humain et de la santé (première approche des fonctions de nutrition, actions bénéfiques ou nocives de nos comportements alimentaires)
Les êtres vivants dans leur environnement (notions de chaînes et réseaux alimentaires, l’évolution d’un environnement géré par l’homme)
Géographie l’agriculture en France / notion de ressource / notion de pollution
Français enrichissement du lexique / maîtrise de la langue orale / justifier son point de vue…

Notions à travailler en amont

L’alimentation : connaître les actions bénéfiques ou nocives de nos comportements alimentaires, connaître les différentes catégories d’aliments, leur origine (vocabulaire : familles d’aliments, besoins énergétiques).

Analyse du film

  • Visionner le film en permettant aux élèves de prendre des notes (ici les données chiffrées sont parlantes pour des CM).
  • Comment les élèves l’ont-ils compris ?
  • Quel lien font-ils avec leur vie quotidienne ?
  • Questionnement / débat / point de vue…
  • Émergence d’une problématique : se nourrir en respectant la planète, est-ce possible ?

Lexique
Protéines, céréales, rendements, agriculture intensive, pesticides, label

Propositions d’activités

Importance des protéines dans notre alimentation :

  • Pourquoi avons-nous besoin de protéines ? (rappel des notions d’équilibre alimentaire, de familles d’aliments et de repas diversifiés)
  • Les différents types de protéines : animales (viande mais aussi poisson, produits laitiers), végétales (légumes secs, céréales dont le soja) (cf. Les bons gestes : L’union fait la force)
  • Le « protéinoscope » : comme dans le film, on peut demander aux élèves d’organiser un concours de protéines. Chacun dispose d’emballages alimentaires avec l’analyse nutritionnelle permettant de comparer les protéines apportées par différentes familles d’aliments.

Publicité et viandes :

  • Les élèves ont à disposition des magazines de différents grands distributeurs. Les amener à s’interroger sur la place prépondérante de la viande et de ses dérivés.
  • Comparer les origines, les prix et les labels (AB, MSC pour le poisson, AOC, AMAP…)
  • S’interroger sur ses propres habitudes alimentaires (la consommation de viande dans le monde a doublé en 15 ans alors que manger de la viande 3 fois par semaine suffit pour apporter les protéines animales nécessaires) (cf. Sciences et techniques : les protéines d’origine végétale / les bons gestes : manger moins de viande, c’est possible)

L’élevage et la production céréalière en France

(cf. Les bons gestes : de la prairie à l’assiette)

  • Conséquences de la surconsommation de viande (l’augmentation de l’élevage est responsable de 80% des émissions de gaz à effet de serre)
  • Localisation géographique : où produit-on en France ?
  • Surfaces agricoles liées à l’exploitation céréalière en constante augmentation (mots-clés : rendement, agriculture intensive, agriculture raisonnée, pesticides, engrais, épuisement des sols, impact sur l’environnement) (cf. Quelques chiffres : le soja grignote la forêt)
  • Évolution d’un environnement géré PAR l’homme et POUR l’homme.

Origines des viandes

(cf. Sciences et techniques : Mon bifteck a fait des kilomètres)

  • Sensibiliser les élèves à la notion de traçabilité, revenir sur les affaires dites de « la vache folle » et des plats préparés.
  • Coût carbone de l’importation (à mettre en lien avec « Les hors-saison » et « Les dépotées »)

Quelques pistes pour aller plus loin

L’arrivée des pays émergents : conséquences sur la consommation de viande (cf. Quelques chiffres : empreinte croissante)

Bien manger coûte-t-il plus cher ? Lecture critique des publicités de grandes surfaces : que se cache-t-il derrière des prix toujours plus bas (les pratiques industrielles et leurs dérives…)

Et le poisson ? Est-il « meilleur » pour la planète de manger davantage de poisson ? (mots clés : surpêche, espè- ces menacées, poissons gras, pêche raisonnée, élevages, épuisement des réserves…)

Auteur : Isabelle Mathiot © CRDP de l’académie de Besançon – juin 2013

 

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