Labours profonds, insecticides ? Une autre agriculture est possible.
Les bonnes pratiques agricoles concernent aussi votre propre potager :
Pour aller plus loin :
Ce mode de production exclut l’utilisation de produits chimiques de synthèse, grâce notamment à la rotation des cultures, au recyclage de la matière organique et à la lutte biologique. En achetant des produits biologiques, vous encouragez le développement de cette filière, signalée par logo européen « agriculture biologique » ou l’ancien logo français AB (encore utilisé).
N’hésitez pas à demander aux producteurs près de chez vous s’ils ont fait le choix du zéro pesticides.
Un produit de saison, c’est déjà bien pour les économies d’énergie, mais de saison et bio c’est encore mieux !
Crédits images : flickr – Jardin du Sindelsberg
La sélection variétale paysanne a généré pendant des millénaires une biodiversité agricole adaptée à la multitude des terroirs de la planète. À l’inverse, à partir du XIXe siècle, à la sortie de la seconde guerre mondiale, les agronomes occidentaux n’ont retenu que le seul critère du rendement (ex : la quantité de blé produite par hectare) pour créer de nouvelles variétés végétales pour retrouver l’autonomie alimentaire en France.
Problème, ce principe a généré des variétés très fragiles et nécessitent beaucoup d’intrants (insecticides, fongicides et engrais). Certaines variétés d’origine tropicale, comme le maïs, nécessitent de plus une irrigation abondante.
En occultant tout souci de préservation des ressources naturelles, la « modernisation agricole » montre ses limites.
Les légumineuses (pois, haricots, soja, luzerne, trèfle, etc.) sont connues depuis longtemps pour leur capacité à enrichir les sols. Cela tient à la symbiose qui s’opère au niveau de leurs racines, avec des bactéries aérobies du sol appelées rhizobiums, capables de fixer l’azote de l’air. Celles-ci induisent sur les racines de la plante hôte la formation de nodules où les échanges entre les deux organismes se produisent.
L’absorption de l’azote de l’air par les bactéries étant généralement supérieure aux besoins de la plante, la teneur en azote du sol augmente.
Par ailleurs, les légumineuses sont riches en acides aminés et constituent une source azotée naturelle pour l’alimentation animale. Produites à proximité ou directement sur la ferme, elles remplacent le soja importé.
L’existence de haies et de bandes enherbées joue un intérêt majeur dans la lutte biologique contre les ravageurs des cultures. Mésanges et pics réduisent ainsi jusqu’à 95 % des larves hivernantes du ver des fruits, le carpocapse. Le hérisson, grand dévoreur de limaces, habite au pied des haies, comme la coccinelle qui consomme les pucerons.
Les surfaces d’intérêt écologiques cumulent ainsi de nombreux atouts :
Il faut protéger les haies et les réintroduire dans nos paysages, pour favoriser la biodiversité et limiter les pesticides !
Pour aller plus loin :
Le programme « Plantons des haies ! » du ministère de l’agriculture et de l’alimentation pour planter 7000km de haie en 2 ans.
Les labours profonds bouleversent l’activité biologique nécessaire à l’entretien de leur fertilité. Explication :
la couche supérieure, riche en humus et siège de l’activité microbienne aérobie, se retrouve inversée avec la couche inférieure, riche en vers de terre et en minéraux issus de la décomposition de l’humus et siège de l’activité microbienne anaérobie.
Résultat : plus personne n’est à sa place. Les vers de terre, qui se nourrissent d’humus, ne peuvent plus remonter à la surface car ils sont enfoui et ils n’aèrent donc plus le sol. Les microbes aérobies et anaérobies meurent, déplacés dans un milieu qui ne leur convient pas.
Or, un sol n’est fertile que s’il est préservé dans sa structure et sa vie. Il est urgent que l’agriculture se réoriente vers des pratiques plus respectueuses : non-labour, maintien du taux de matière organique, limitation des traitements chimiques.
Crédits images : flickr – zerkay67 / FNCivam / flickr – Gilles San Martin / freepik
L’implantation de cultures sans labour (techniques culturales simplifiées) permet de réaliser une économie de carburant entre 10 et 50 litres par hectare et par an. Le gain est d’autant plus élevé que le sol est difficile à travailler (sols argileux).
L’absence de labour s’accompagne toutefois d’une présence généralement plus forte de « mauvaises herbes », que certains agriculteurs limitent avec un surcroît d’herbicides…
Sources : INRA, Arvalis-Institut du végétal, AREAS
Source : G. Bazin, professeur à Agro Paris Tech
Entre 60 000 et 80 000 tonnes utilisées chaque année : la France est le premier consommateur européen de produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides, bactéricides et autres régulateurs de croissance) et le 3e consommateur mondial derrière les États-Unis et le Japon (matières actives de synthèse et substances minérales). L’indice de fréquence des traitements phytosanitaires, soit le nombre de doses homologuées par hectare appliquées sur une parcelle pendant une campagne culturale, est en moyenne de 12 sur la vigne, 16 pour les pommes de terre, 13 sur les fruits, mais jusqu’à 18,4 pour les pêches et 31,5 pour les pommes en production conventionnelle (non bio).
Source : Agreste
Crédits images : flickr – marcovdz / flickr – chuckoutrearseats /flickr – Département des Yvelines
Compétences travaillées | |
Sciences | l’eau, une ressource (mobiliser ses connaissances et rechercher des solutions alternatives pour agir sur la pollution de l’eau) comprendre l’impact de l’activité humaine sur l’environnement |
Géographie | l’agriculture en France, Produire en France |
Français | enrichissement du lexique / maîtrise de la langue orale / justifier son point de vue… |
« Les embouteillées » (le cycle de l’eau)
« Les incarnés » (produire plus pour consommer plus)
Lexique
Engrais chimique, engrais organique, phytosanitaire, épandage, labours, soc, bactérie, plantes complémentaires, résidus, jachère, matière organique
Évolution des paysages ruraux : faire travailler les élèves sur des photos, des documents filmés, des écrits décrivant l’agriculture il y a 50 ans et l’agriculture actuelle (bocages, openfields, irrigation, rendement…)
De la charrue à bœufs aux engins de labours actuels, des faux et fléaux aux moissonneuses-batteuses, du crottin de cheval aux engrais chimiques, de la bouillie d’orties aux répulsifs…
En lien avec « Les incarnés » et « Les hors saison » : comment faire à notre échelle pour limiter l’impact sur l’environnement de notre alimentation ?
Manger des fruits et des légumes de saison, privilégier les producteurs locaux, favoriser les produits issus de l’agriculture raisonnée, biologique, intégrée ou durable, utiliser au jardin des produits et techniques naturels… (Cf. les bons gestes : zéro pesticides, au jardin aussi)
Autres conséquences de l’accroissement des très grandes surfaces agricoles :
Visite d’une exploitation agricole en ayant soin d’avoir choisi un agriculteur sensibilisé aux questions d’énergie et de développement durable. Les Chambres d’agriculture départementales peuvent faire le lien entre les agriculteurs et l’école pour organiser une visite d’exploitation.
Visite d’une station de traitement des eaux ou d’une station d’épuration
Cultiver un jardin à l’école (potager, verger, ornement)
Rotation des cultures, association de plantes, lutte biologique, biodiversité, fruits, légumes et fleurs de saison, circuits de proximité, redécouvrir certaines variétés végétales oubliées…
Le jardin peut être cultivé dans le sol si la cours le permet, ou hors-sol dans des pots, des bacs en bois de différentes tailles posés à différents endroits en fonction de l’ensoleillement et des plantes.
Auteur : Isabelle Mathiot © CRDP de l’académie de Besançon – juin 2013