Les énergivOres, web série d'éducation à la maitrise de l'énergie

Les allumés

Changement d’ère pour les lampadaires !

Quelques éléments pour discuter avec vos élus communaux ! Du côté des écoles, n’hésitez pas à proposer à la mairie un projet de réflexion sur la question de la pollution lumineuse avec les élèves.

MairieResponsabilité et liberté du maire

Les maires ont la responsabilité du service public d’éclairage extérieur dans leur commune. Ils peuvent cependant décider d’éteindre tout ou partie des éclairages publics la nuit.

En cas d’extinction nocturne, l’entrée dans la « zone noire » doit être signalée par un panneau d’information et les voies de circulation, obstacles ou « points dangereux » sécurisés, par des bandes réfléchissantes par exemple.

Pour aller plus loin : https://www.ecologie.gouv.fr/pollution-lumineuse

Et une feuille de route prête à l’emploi pour s’engager dans l’extinction de l’éclairage public.

Éclairer le sol plutôt que le ciel…Lampadaire dessous

… en remplaçant les vieux lampadaires-boules par des réverbères qui éclairent vers le bas. Ces derniers sont en effet bien plus efficaces car ils concentrent la lumière vers ce qu’il est vraiment nécessaire d’illuminer, permettant de réduire au passage les perturbations des rythmes biologiques de la faune.

Mais attention toutefois de choisir des modèles qui limitent vraiment l’éclairage latéral, car beaucoup de modèles à l’allure high tech gaspillent en fait une partie de la lumière.

Lampadaire rampeBien choisir ses ampoules

Plus une ampoule vieillit, moins son rendement est bon. Les plus efficaces aujourd’hui sont les ampoules à vapeur de sodium et les LED. Quelques éléments de comparaison :

Vapeur de sodium

LED

Efficacité lumineuse 90 à 130 lumens/watt 70 à 100 lumens/watt
Prix Moyen Plus élevé
Longévité Moyenne (de 15 000 à 20 000 h) Élevée (de 50 000
à 80 000 h)
Température de lumière Jaune, faible pollution lumineuse pour la faune nocturne Forte proportion de lumière bleue, plus néfaste sur la faune nocturne.
Résistances aux allumages fréquents Moyenne Très bonne, se combine avec détecteur de mouvement
Usage Éclairages fonctionnels (routes, stades) Diffusion très ciblée de la lumière (peu de dispersion) : espaces piétonniers. Attention à l’éblouissement.

Sources : Guide Topten, Association pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (Belgique), Ademe

Moduler l’éclairage nocturneDetecteur

Entre éclairage permanent (4 100 heures annuelles) et extinction totale, il existe des solutions intermédiaires afin d’adapter l’éclairage aux caractéristiques de chaque quartier de la commune :

  • réduction de la puissance (-30 %) une partie de la nuit grâce à une horloge et un variateur,
  • allumage seulement en cas de passage, au moyen de détecteurs,
  • extinction de 23h30 à 5h30, pilotée par une horloge astronomique ou un détecteur de luminosité : exemple de mise en œuvre

Mat_en_boisUn mât en bois pour moins d’énergie grise !

À l’occasion du remplacement de l’équipement d’éclairage public, préférez les mâts en bois, de mélèze ou de châtaignier par exemple (naturellement résistants aux intempéries), pour des économies d’énergie grise en plus des économies d’électricité !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Crédits : flickr – Xerones / flickr – gelinh / flickr – zigazou76 / flickr – zigazou76 / flickr – Ohbadia

Voir la lumièreRayon lumineux

Petit rappel : à moins de regarder une source lumineuse dans son axe, on ne perçoit la lumière que si celle-ci nous est renvoyée par une surface suffisamment claire pour la réfléchir.

D’où l’intérêt de ne pas éclairer le ciel. Et d’équiper de bandes réfléchissantes les objets sombres.

Par ailleurs, la lumière diffuse par nature dans toutes les directions (sauf les rayons lasers). Dans un réverbère « moderne », elle est non seulement orientée vers le bas, mais focalisée vers la zone utile (le trottoir, la route, etc.) au moyen de réflecteurs dont la surface polie renvoie la lumière qu’elle reçoit, avec le même angle d’incidence. Par rebonds successifs, la lumière est ainsi concentrée vers le bas.

perturbation de la faune nocturne

Comme cette chauve-souris, de nombreux animaux nocturnes sont gênés par l’éclairage de nuit :

  • Cycles physiologiques perturbés (alimentation, reproduction et ponte) chez les papillons de nuit,
  • Les rayons ultraviolets des lampes à vapeur de mercure attirent les papillons qui s’épuisent autour des lampadaires,
  • Les amphibiens (grenouilles…) ont la vue brouillée et confondent parfois congénères, proies et prédateurs,
  • Les oiseaux migrateurs se trouvent parfois désorientés en voyant moins les cieux nocturnes,
  • Les déplacements, la formation de bancs, la reproduction ou encore l’alimentation de la plupart des espèces de poissons sont perturbés par la lumière,
  • Les chiroptères (chauves-souris) désertent clochers et cavités habituellement sombres.

Les ampoules émettant des UV et/ou de la lumière blanche (ex. LED) se révèlent les plus néfastes à la faune nocturne.

Dans le cadre d’une étude menée au sein du Parc naturel régional du Gâtinais français, une équipe du Centre des sciences de la conservation (Muséum national d’Histoire naturelle, CNRS), a observé trois fois plus d’activité des espèces de chauves-souris qui fuient la lumière (ex. Murins, Oriellards) sur des sites avec extinction par rapport à des sites éclairés toute la nuit. Mais cette activité demeure plus faible que dans des espaces non éclairés car l’extinction se fait encore trop tardivement pour ces espèces présentes en début de nuit.

Pour aller plus loin : « Eclairage du 21e siècle et biodiversité », Les cahiers de BIODIV’2050 – Comprendre n°6, 2015, Groupe Caisse des dépôts. Disponible sur le site de l’ANPCEN.

 

Crédits images : flickr – y caradec / flickr – Pescalune Photo

banc neigeIls sont 9,5 millions

C’est le nombre de lampadaires estimés sur la voie publique en France (56 millions dans l’UE). Leur fonctionnement absorbe en puissance 1 260 mégawatts, soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire, et consomme 5,6 TWh par an.
40 % des luminaires en service ont aujourd’hui plus de 25 ans (10 % du parc constitué de lampes à vapeur de mercure en 2017).

Les collectivités consacrent en moyenne 48 % de leur budget électricité pour l’éclairage public.

N’étant pas permanent, l’éclairage public contribue aux pointes de consommation d’énergie de début et fin de journée en hiver. On ajoute donc à son coût le rejet de 85 000 tonnes de CO2 par an, du fait de la mise en route des centrales thermiques qui répondent à ces pics.

(source : Ademe, Association française de l’éclairage)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un équipement trop vieux

À l’image de ce vieux lampadaire à boule, plus de la moitié du parc actuel d’éclairage public est composée de matériels obsolètes et énergivores :

  • 40 % des luminaires en service ont plus de vingt-cinq ans,
  • 30 % sont des lampes à vapeur de mercure, la moins efficace des sources d’éclairage public,
  • Le potentiel de réduction de la consommation d’énergie est estimé entre 50 et 75 % !

 Source : Ademe

 

 

 

 

 

 

Lille nuitDes économies au rendez-vous

En optant pour des ampoules Led pour leur éclairage public, les villes de Sancerre (18) et de Louin (79) ont réalisé une économie de 70 % d’électricité. En 2017, 33 communes du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne avaient programmé des coupures d’éclairage public sur près de 7000 points lumineux ; bénéfice : 150 000 € d’économies en dépenses de fonctionnement, la consommation annuelle d’électricité étant passée de 5872 Mh à 4892 Mwh. La ville de Maubeuge a quant à elle déjà réalisé 28 % d’économies d’énergie en s’équipant progressivement de Led.

Pionnière en la matière, la Ville de Lille a engagé en 2004 un « plan lumière » afin d’améliorer l’éclairage public tout en réduisant son coût : résultat, la consommation électrique de l’éclairage a baissé de 42 %. L’usage de récepteurs infrarouges pour commander l’éclairage dans certaines zones a ainsi fait passer la durée d’éclairage annuelle de 4300 h à 4150 h, sans réduire le service.

42 kWh par habitant Etoiles

Voilà la consommation électrique moyenne et annuelle, due à l’éclairage public, dans les 216 communes labellisées « Villes et villages étoilées » par l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes. À comparer à la moyenne nationale de 92 kWh/habitant en France et 43 kWh/habitant en Allemagne, pionnière dans ce domaine.

 

 

AssembleeRappel législatif

Depuis le 1er juillet 2012, les enseignes lumineuses doivent être éteintes entre 1h et 6h dans les villes de moins de 800 000 habitants.

À partir du 1er juillet 2013, l’éclairage des locaux à usage professionnel devra être éteint une heure après la fin de leur occupation. Les illuminations des façades seront éteintes au plus tard à 1 heure, de même que les vitrines de magasins (arrêté du 25 janvier 2013).

Pour éteindre les vitrines récalcitrantes, des collectifs militants pour les économies d’énergie vous donnent leurs tuyaux pour accéder aux interrupteurs des panneaux publicitaires : voir par exemple le site de Zéro watt !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Crédits images : flickr – JthomasCourtemanche / flickr – andreashallgren / flickr – sabel / flickr – zigazou76 / flickr – Ma Gali

Séquence de travail avec des élèves de cycle 3

Compétences travaillées
Sciences et technologie L’énergie : consommation et besoins en énergie / Les objets techniques : circuits électriques
Géographie Étude de cartes, répartition de la population, lecture de paysages, notion de pollution
Français Enrichissement du lexique / Maîtrise de la langue orale / Justifier son point de vue / Communiquer
Compétence IV du socle commun Développer le sens critique face à l’information et à son traitement

Notions à travailler en amont

Représentations initiales des élèves quant à l’éclairage extérieur des villes et villages

Quelle utilité ? Quelle utilisation ? Où ? Quand ?

Analyse du film

  •  Visionner le film.
  • Relever les détails (images ou dialogues) qui posent question. En débattre, exposer, défendre son point de vue.
  • Quelles sont les arguments évoqués dans le film pour réduire l’éclairage nocturne ? Qu’en pensez-vous ?

Lexique
Intensité, luminosité, mercure, open-bar, pollution lumineuse, réflecteur, surconsommation, veilleuse

Propositions d’activités

Comprendre les enjeux économiques et écologiques liés à l’éclairage public

(cf Quelques chiffres : Ils sont 9 millions / 42% d’économie en 9 ans)

  • Se poser les bonnes questions : quel intérêt à laisser les vitrines allumées pendant la nuit ? (cf Quelques chiffres : Rappel législatif) Pensez-vous que l’on puisse supprimer l’éclairage nocturne ? Pourquoi ? (question de la sécurité)
  • Rencontrer les élus et leur poser des questions sur le comment et le pourquoi de l’éclairage public. Aborder la question du coût. (cf Les bons gestes : Responsabilité et liberté du maire /  Bien choisir ses ampoules)
  • La pollution lumineuse et ses répercussions sur la faune nocturne (cf Sciences et techniques : La perturbation de la faune nocturne)
  • Comparer des photos de différents sites, différemment éclairés (ville / village ; différentes périodes de l’année comme Noël, éclairage des monuments…)

Le monde la nuit

  • Mettre en relation une photo satellite du monde avec une carte : se poser la question de ce que sont les taches et les points blancs.
  • Comprendre à quelles régions du monde correspondent les zones éclairées en les mettant en relation avec les zones à forte densité de population.

La surconsommation

  • Besoins réels des habitants de la ville ou du village en éclairage nocturne
  • Relever des exemples de gaspillage : à l’école, à la maison, dans la ville
  • Faire des propositions d’économie d’énergie qui pourront être soumises aux élus de la commune

Quelques pistes pour aller plus loin

Expérimentation : réaliser des circuits électriques alimentés par des piles (on peut travailler sur l’intensité, sur l’orientation de la lumière …).

Mettre en lien avec le tri des déchets (à l’école et à la maison) : piles, ampoules, DEEE (Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques).

Identifier les logos de la vie quotidienne concernant les différents appareils électriques et électroniques.

Le gaspillage d’énergie au quotidien, à l’école, à la maison : établir un éco-code visant à réduire la consommation d’énergie (éteindre les lumières quand on quitte une pièce, ne pas allumer systématiquement les appareils électriques, attention aux appareils en veille…)

L’unité et la diversité du vivant : présentation de la faune nocturne.

Auteur : Françoise Henriet © CRDP de l’académie de Besançon – septembre 2013

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